Citation de Pablo Neruda

dimanche 4 janvier 2009

Le Drapeau

Lève-toi avec moi.
Nul n'aimerait
Plus que moi demeurer
Sur l'oreiller où tes paupières
Veulent pour moi murer le monde.
Je voudrais là
Laisser aussi dormir mon sang
Enlacé avec ta douceur.

Mais lève-toi,
Oui, lève-toi,
Avec moi lève-toi,
Partons ensemble
Nous battre corps à corps
Contre les toiles de cette vile araignée,
Contre un système expert à répartir la faim,
Contre la planification de la misère.

Partons,
Et toi, mon astre, auprès de moi,
Née depuis peu de mon argile,
Ayant trouvé déjà la source que tu caches,
On te verra au cœur du feu,
Auprès de moi,
Les yeux brillants,
Brandir farouche mon drapeau.
Moque-toi de la nuit,
Du jour et de la lune,
Moque-toi de ces rues
Divagantes de l'île,
Moque-toi de cet homme
Amoureux maladroit,
Mais lorsque j'ouvre, moi,
Les yeux ou les referme,
Lorsque mes pas s'en vont,
Lorsque mes pas s'en viennent,
Refuse-moi le pain,
L'air, l'aube, le printemps,
Mais ton rire jamais
Car alors j'en mourrais.


LES VERS DU CAPITAINE suivi de LA CENTAINE D'AMOUR [1984], trad. de l'espagnol par André Bonhomme, Claude Couffon et Jean Marcenac , 248 pages, 140 x 205 mm. Collection Du monde entier, Gallimard -poes. ISBN 2070701018. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il est dommage de na pas savoir dans quel ouvrage se trouve ce poème et de connaître sa date de publication