Citation de Pablo Neruda

jeudi 2 juin 2011

Picasso lu par Pablo Neruda





PICASSO 
À Vallauris dans chaque maison
ils ont un prisonnier.
Il est le même toujours.
C'est la fumée.
Parfois des parents aux blancs sourcils
le surveillent,
des jeunes filles couleur d'avoine.
Quand tu passes
tu remarques que les gardiens
de la fumée
se sont endormis,
et par les toits, entre des pots brisés,
une conversation azuréenne
entre le ciel et la fumée.

Mais à l'endroit où le feu travaille
en liberté,
et la fumée est une rose de goudron
qu'a teint de noir les murs,
là, Picasso,
entre les lignes et l'enfer,
avec son pain de boue,
il le cuit,
le polit, le casse
jusqu'à ce que la boue se soit transformée en taille,
pétale de sirène,
guitare d'or humide.
Et alors avec son pinceau il le polit,
et l'océan arrive
ou bien la vendange.
La boue donne sa grappe occulte
Et, à la fin, immobilise sa hanche calcaire.
Picasso revient à son atelier plus tard.
Les petits centaures qui l'attendent croissent, galopent.
Le silence est né
dans les mamelles
de la chèvre en fer.
Et à nouveau Picasso dans sa grotte entre ou sort en laissant
des murs griffés,
des stalactites rouges
ou des traces génitales.

Et durant les heures qui suivent
il parle avec le barbier.

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